
Port-au-Prince, 5 mai 2025 — Dans l’émission Ayiti à l’Horizon 2054, diffusée dimanche 4 mai, Mr. Joseph Domingue Orgella a reçu John Miller Beauvoir, politologue haïtien établi à Montréal et ancien candidat aux élections dans le département de l’Ouest. Ensemble, ils ont dressé un tableau alarmant de la situation du pays, évoquant l’incapacité de l’État à protéger ses citoyens et la nécessité d’un réveil civique pour sortir de l’impasse.
UN ÉTAT EN FAILLITE
M. Beauvoir n’a pas mâché ses mots : « Haïti est un État qui ne peut plus garantir la sécurité de sa population ni offrir des conditions de vie dignes à ses citoyens. » Pour lui, la crise actuelle remet en question l’existence même de la nation haïtienne. « L’État a failli à sa mission régalienne : protéger les citoyens. Nous devons mobiliser la diaspora et la population locale pour un réveil civique et exiger un changement radical », a-t-il insisté.
Interrogé sur l’échec des élites politiques, économiques et sociales, Beauvoir a été sans appel : « Nous sommes dans un chaos total. Depuis dix ans, aucune élection présidentielle n’a eu lieu, ce qui nous place en dehors du pacte politique. Le Conseil présidentiel actuel n’a aucune base légale. Nos élites ne pensent qu’à leurs privilèges, pas au pays. »
UNE GOUVERNANCE EN DÉROUTE
La question de la légitimité des institutions a été au cœur des échanges. « Nous n’avons plus de leadership, plus de vision. La seule issue est de former un front du renouveau pour reconstruire sur les cendres de cette République meurtrie », a déclaré l’invité.
L’image désastreuse d’Haïti sur la scène internationale a également été abordée, notamment après la décision de Citibank de geler les comptes de l’État haïtien, accusé de ne pas respecter les recommandations internationales. « Cette divulgation est une honte pour le pays. Nous avons besoin d’une vraie politique étrangère, fondée sur nos intérêts et notre histoire », a martelé Beauvoir.
TERRORISME ET ISOLEMENT : HAÏTI, UN ÉTAT FANTÔME ?
Alors que les États-Unis ont classé les groupes armés haïtiens comme terroristes, certains craignent un isolement accru du pays. Mais pour Beauvoir, « Haïti est déjà isolée. Aujourd’hui, on ne peut même plus traverser la capitale sans risque, encore moins voyager à l’intérieur du pays. Nous sommes l’un des rares pays où la capitale est coupée du reste du monde. »
Il a appelé à l’instauration d’un cadre juridique strict pour combattre ces groupes, qualifiés de « terroristes au sens classique du terme », ainsi qu’à une coopération renforcée avec Washington pour empêcher l’entrée d’armes en provenance des États-Unis. « Sans contrôle des flux d’armes et des financements, ces gangs continueront de prospérer », a-t-il averti.
En conclusion, John Miller Beauvoir a lancé un appel à l’unité nationale, soulignant que seule une mobilisation collective pourrait éviter l’effondrement définitif d’Haïti. Un message urgent, dans un contexte où le pays semble plus que jamais au bord du précipice.
Fritz Gerald Hussein VALME