Face à l’« échec consommé » de la transition, Emmanuel Ménard dresse un réquisitoire accablant et propose une solution de dernier recours.
Port-au-Prince, 8 septembre 2025– Dans une déclaration d’une rare virulence, Emmanuel Ménard, porte-parole du Consortium Patriotique, a sommé le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de convoquer une Conférence Haïtienne de l’Urgence. Selon lui, le « pronostic vital du pays est engagé » et l’avenir du Conseil est désormais « périmé ».
UN RÉQUISITOIRE IMPLACABLE
Au nom d’une alliance regroupant la Force Louverturienne Réformiste, le Bloc du Milieu, la Coalition Nationale, ainsi que des partenaires de la société civile et de la diaspora, Ménard a dressé un bilan sans concession de l’action du pouvoir de transition.
Il accuse le CPT, né d’un « consensus biaisé », d’avoir « comploté contre les institutions » et même « fomenté un coup d’État » contre ses propres mandants, en refusant notamment la création d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale. Pire encore, le texte fondateur du 3 avril, acte de naissance du Conseil, n’aurait jamais été publié au Journal officiel Le Moniteur.
Pour Ménard, la gouvernance du CPT se résume à une gestion « catastrophique », marquée par une dégradation généralisée de la situation nationale, malgré la nomination de deux Premiers ministres, de deux directeurs de la Police et d’une « kyrielle de pseudo-diplomates ».
« La sécurité n’est pas au rendez-vous, pas plus que les réformes ou les élections. Votre échec est donc consommé », a-t-il tranché.
UN ISOLEMENT INTERNATIONAL CRIANT
Comme preuve de ce « fiasco flagrant », Ménard évoque les sanctions et mesures restrictives de la communauté internationale : la fermeture prolongée de l’aéroport de Port-au-Prince par la FAA jusqu’en 2026, le maintien des restrictions frontalières par la République dominicaine, la fermeture de plusieurs consulats étrangers et la méfiance grandissante des pays africains. Quant aux contributions promises à la Mission de Sécurité Soutenue (MSS), elles seraient restées « lettre morte ».
« J’accueille non sans intérêt les propositions de la communauté internationale, qui cherche des interlocuteurs compétents », a-t-il toutefois nuancé, reconnaissant implicitement la perte de crédibilité du CPT auprès de ses partenaires.
LA CONFÉRENCE DE L’URGENCE, UNE DERNIÈRE CHANCE ?
Dans un ultime appel au « patriotisme » des membres du CPT, Emmanuel Ménard propose une sortie de crise : convoquer, en concertation avec le pouvoir judiciaire, une Conférence Haïtienne de l’Urgence, présidée de manière neutre par le Protecteur du Citoyen (l’équivalent du Médiateur de la République).
Cette instance rassemblerait les secteurs vitaux de la Nation afin de faciliter la mise en place d’une Nouvelle Gouvernance Intérimaire dotée de missions claires et urgentes.
Citant l’ancien président Léon Dumarsais Estimé, Ménard a averti : « Si, bergers du troupeau, nous nous en constituons les louves […] il sera temps d’entrer en jugement avec nous. »
Se disant disponible pour contribuer à l’organisation de cette conférence, le leader du Consortium prévient qu’il ira « jusqu’au bout » de ses responsabilités citoyennes, laissant planer la menace d’une mobilisation populaire si sa proposition restait ignorée.
UN CPT SUR LA SELLETTE
Affaibli, contesté et de plus en plus isolé, le Conseil Présidentiel de Transition n’a pas encore réagi à cette sommation publique, qui vient accroître la pression sur une institution déjà en sursis.
Fritz Gerald Hussein VALME



