Port-au-Prince, mercredi 17 septembre 2025 – Coup de tonnerre dans l’administration haïtienne. Lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi, le Syndicat des employés du ministère des Cultes (SEMIC) a dénoncé ce qu’il qualifie de « complot » gouvernemental visant à démanteler une institution centenaire, pilier de la gestion du fait religieux en Haïti.
Selon son porte-parole, Erns Louis, un projet de décret actuellement en préparation prévoirait, dans ses articles 64 et 68, de transformer le ministère des Cultes en une simple direction déconcentrée du ministère des Affaires étrangères. Une manœuvre que le SEMIC juge illégale et inacceptable.
« Il n’existe aucune disposition légale permettant une telle régression », a martelé M. Louis, rappelant que le ministère, fondé en 1924, œuvre depuis 101 ans avec les différentes confessions religieuses et dispose de sept directions départementales, contrairement à la structure centralisée des Affaires étrangères.
Pour le syndicat, cette fusion reviendrait à affaiblir le rôle spirituel de l’institution. « Réduire le ministère, c’est réduire la foi des gens. Le ministère des Cultes incarne une dignité spirituelle », a insisté M. Louis, invoquant le décret du 7 août 1987, qui confère au ministère son indépendance.
Le SEMIC redoute également une instrumentalisation politique du religieux. « Le ministère des Cultes ne relève pas du même secteur que les Affaires étrangères, qui est purement politique. S’ils persistent, c’est qu’ils veulent politiser le culte en Haïti », a averti son porte-parole.
Le syndicat affirme avoir déjà alerté les principales organisations religieuses et appelle celles-ci à se mobiliser « contre ce complot ». Parallèlement, il demande au Conseil présidentiel de transition (CPT) de nommer enfin un ministre de plein exercice, afin de mettre fin à une tutelle jugée dysfonctionnelle.
Actuellement, tous les dossiers doivent transiter par le ministère des Affaires étrangères, provoquant, selon M. Louis, « des retards considérables et même la perte de documents ».
En conclusion, le SEMIC a lancé un appel direct au ministre des Affaires étrangères pour qu’il renonce à ce projet. « Nous ne laisserons pas tomber. Nous allons nous battre pour préserver l’indépendance et la dignité de ce ministère », a prévenu M. Louis.
L’affaire est désormais sur la place publique, et la réaction du gouvernement est attendue dans un climat de vive tension.
Fritz Gerald Hussein VALME



