Port-au-Prince, 7 avril 2025 – En ce lundi marquant le 222ᵉ anniversaire de la mort de Toussaint Louverture, l’un dea héros de l’indépendance d’Haïti et architecte de la première Constitution autonome de Saint-Domingue en 1801, son héritage politique résonne avec une acuité particulière dans un pays plongé dans une crise institutionnelle profonde.

UN CONSEIL PRÉSIDENTIEL SOUS LE FEU DES CRITIQUES

La récente déclaration de Fritz Alphonse Jean, coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a exacerbé les tensions. Reconnaissant que l’instance « n’a jamais compris ni entendu le peuple » et se retrouvant pris « entre l’enclume du banditisme et le marteau de son Conseil », il a, sans le vouloir, confirmé les accusations de trahison qui pèsent sur cette structure censée guider la transition.

D’après 77,8 % des signataires de l’accord ayant conduit à la création du CPT, dont le CNSCA, les neuf conseillers auraient trahi la mission qui leur avait été confiée. « Ils ont trahi l’esprit de décentralisation et d’autonomie pour en faire un Conseil de prédateurs et de traîtres », dénoncent des représentants politiques et de la société civile, exigeant une refonte immédiate du système.

L’HÉRITAGE DE LOUVERTURE, UNE BOUSSOLE POUR SORTIR DE LA CRISE ?

Face à l’impasse politique, plusieurs mouvements sociaux et intellectuels appellent à un retour aux principes louverturiens : décentralisation effective, renforcement des collectivités territoriales et refondation des partis politiques. « La Constitution de 1801 posait les bases d’une gouvernance inclusive et souveraine. Aujourd’hui, nous devons nous en inspirer pour reconstruire un État juste », peut-on lire dans un manifeste diffusé à l’occasion des commémorations.

Alors que le pays traverse une crise multidimensionnelle – insécurité croissante, effondrement économique et défiance généralisée envers les institutions –, la mémoire de Toussaint Louverture sert de rappel : sans une rupture radicale avec les logiques de prédation et une véritable inclusion populaire, toute solution risquerait de n’être qu’un leurre.