Port-au-Prince, 8 Décembre 2025 – L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a transmis ce lundi au parquet un rapport accablant recommandant l’ouverture de poursuites judiciaires contre l’ancien président Michel Joseph Martelly. L’ex-chef de l’État est soupçonné d’avoir effectué une fausse déclaration de patrimoine, en violation de la loi du 12 février 2008 sur l’obligation de déclaration des agents publics.
DES IRRÉGULARITÉS DÈS LA PRISE DE FONCTION
Selon l’ULCC, des anomalies majeures affectent à la fois la déclaration d’entrée et celle de sortie de fonction de l’ancien président.
La déclaration initiale, authentifiée par un notaire le 11 juillet 2011, aurait été déposée près d’un mois après le délai légal. Plus étonnant encore, la date manuscrite inscrite sur l’original présenterait des ratures rendant l’information illisible, ce qui soulève des interrogations quant à sa conformité.
UNE DÉCLARATION DE SORTIE DÉPOSÉE AVEC DEUX ANS DE RETARD
La situation apparaît encore plus problématique pour la déclaration de fin de mandat.
Michel Martelly aurait dû la soumettre en février 2016, à l’issue de son quinquennat. Pourtant, le document n’a été établi et authentifié que le 30 janvier 2018, soit près de deux ans plus tard.
L’ULCC qualifie ce retard de « violation manifeste » de la loi anticorruption de 2008.
INCOHÉRENCES BANCAIRES ET SOUPÇONS D’OMISSIONS
Le rapport relève également de potentielles incohérences entre les actifs déclarés et les informations recueillies auprès des institutions financières.
À son entrée en fonction, Michel Martelly avait déclaré :
- quatre dépôts à terme,
- plusieurs comptes courants en dollars et en gourdes,
- pour un total de plus de 130 000 USD et 98 000 HTG.
Or, les constats de l’ULCC ne concordent pas avec ces données. L’institution évoque des « contradictions et omissions », suggérant même la possibilité « d’omissions volontaires » ou d’une altération des éléments patrimoniaux.
UNE AFFAIRE DÉSORMAIS ENTRE LES MAINS DU PARQUET
Le rapport, qui pointe ce qui pourrait constituer un manquement délibéré aux exigences de transparence, a été officiellement transféré au parquet.
Il revient désormais aux autorités judiciaires de décider d’éventuelles poursuites, dans un contexte où la lutte anticorruption en Haïti est régulièrement critiquée pour son manque d’impartialité.
Cette affaire remet au premier plan la question du respect des obligations légales par les plus hauts dirigeants et constitue un test pour la crédibilité des institutions haïtiennes.
La suite dépendra de la capacité et de la volonté du système judiciaire à donner suite aux recommandations de l’organe public chargé de lutter contre la corruption.
Fritz Gerald Hussein VALME



