Dans une escalade jamais vue à Port-au-Prince, le chef de gang “Krisla” revendique l’enlèvement de 17 agents de l’EDH. Son exigence : un approvisionnement stable en électricité pour son fief de Carrefour.

Carrefour, 8 décembre 2025 – Une scène à la fois surréaliste et terrifiante s’est déroulée ce lundi dans la capitale haïtienne. Dix-sept employés de l’Électricité d’Haïti (EDH), dépêchés sur une ligne en panne depuis plusieurs jours, ont été interceptés puis enlevés par des hommes lourdement armés. L’opération a été revendiquée par le chef de gang connu sous le nom de Krisla, qui domine le secteur de « Ti Bwa ».
Son exigence, révélatrice de l’effondrement de l’État : un raccordement électrique régulier pour sa zone, en échange de la liberté des otages.

UNE ATTAQUE EN PLEIN JOUR

L’enlèvement s’est produit en pleine journée. Alors que les techniciens circulaient à bord d’un véhicule de service, ils ont été contraints à l’arrêt par un groupe armé, avant d’être forcés de redémarrer sous escorte et emmenés vers l’un des bastions du gang.
Selon une source proche des victimes, les ravisseurs auraient minutieusement préparé leur opération, profitant de l’absence totale de sécurité dans la zone.

NÉGOCIATIONS SOUS HAUTE TENSION

À l’heure où nous écrivons ces lignes, les 17 techniciens seraient toujours en vie, d’après plusieurs sources concordantes. Des négociations extrêmement délicates seraient en cours entre des intermédiaires et les ravisseurs.
La direction de l’EDH, choquée par la violence et l’absurdité des revendications, n’a pour l’instant fait aucune déclaration officielle.

UN NOUVEAU SEUIL DANS LA CRISE SÉCURITAIRE

Cette prise d’otages massive marque un tournant inquiétant dans la spirale de violence qui ravage Haïti. Les gangs, qui contrôlent déjà de vastes portions de Port-au-Prince et rançonnent les populations, s’attaquent désormais aux symboles de l’État et aux services publics essentiels.
Après les écoles, les hôpitaux et les axes routiers, c’est désormais la compagnie électrique nationale qui se retrouve directement prise en otage.

QUAND LES GANGS DICTENT LA LOI

La demande de Krisla est l’illustration brutale d’un État absent, remplacé dans certaines zones par des groupes armés qui dictent leurs propres règles. En réclamant un service public qu’ils n’hésitent pourtant pas à saboter, les gangs imposent leur contrôle en se posant, paradoxalement, comme fournisseurs de services de base.
Mais cette stratégie repose sur une logique de terreur : kidnapper pour mieux gouverner.

DES FAMILLES DANS L’ANGOISSE

Pendant ce temps, les familles des techniciens vivent un calvaire, suspendues à des informations fragments, espérant un dénouement rapide dans un pays où les rapts collectifs deviennent désormais une arme politique et sociale.

Fritz Gerald Hussein VALME