LE CNSCA INTERPELLE LES AUTORITÉS SUR LE NON-RESPECT DE L’ACCORD DU 3 AVRIL 2024

Port-au-Prince, 3 avril 2025 – Dans une lettre ouverte adressée au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le Conseil National de la Société Civile Ayitienne (CNSCA), signataire de l’accord politique du 3 avril 2024, dénonce le non-respect de ce cadre censé garantir une transition pacifique et ordonnée. Un an après sa signature, l’organisation déplore l’absence de mise en œuvre effective des dispositions clés, alors que la crise sécuritaire et humanitaire ne cesse de s’aggraver.

UN ACCORD IGNORÉ ?

Le CNSCA, qui se présente comme le défenseur des « opprimés et des oubliés de la société », s’interroge sur la légalité de l’accord. « A-t-il été publié au Journal Officiel Le Moniteur ? », demande-t-elle, avant d’ajouter : « Si oui, où en est l’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) ? Et quand le Conseil National de Sécurité sera-t-il opérationnel ? »

Ces deux instances, jugées essentielles pour garantir l’application de l’accord, tardent à voir le jour. Pire encore, selon le CNSCA, le gouvernement semble davantage préoccupé par d’autres priorités. La récente annonce du Premier ministre, Alix Didier Fils Aimé, concernant la création d’une task force contre les gangs armés – qualifiés d’« assassins ignobles, tueurs maniaques et incendiaires obnubilés » – ne suffit pas à rassurer.

QUATRE OBSESSIONS QUI PARALYSENT L’ÉTAT

Le CNSCA fustige ce qu’elle perçoit comme les « quatre obsessions » des autorités :

  1. La méfiance entre les membres du gouvernement et du CPT,
  2. L’insouciance face à la détresse d’une population terrorisée,
  3. La jouissance débridée des privilèges,
  4. L’engloutissement dans la corruption.

« La femme de César doit être au-dessus de tout soupçon », rappelle l’organisation, exigeant plus de transparence.

DES RECOMMANDATIONS URGENTES

Face à l’aggravation de la crise, le CNSCA formule plusieurs propositions :

Geler les dépenses liées au référendum constitutionnel et aux élections,

Rapatrier tous les fonds de renseignement pour une gestion transparente,

Activer sans délai le Conseil National de Sécurité,

Présenter un budget spécial adapté à la crise,

Organiser des convois humanitaires pour permettre aux déplacés du Grand Sud et du Grand Nord de regagner leurs foyers.

Un an après la signature de l’accord, le constat est amer : le CPT et le gouvernement l’auraient « purement et simplement ignoré », selon le CNSCA. Dans un contexte où la violence et l’instabilité règnent, l’organisation appelle à un sursaut des autorités avant qu’il ne soit trop tard.

Fritz Gerald Hussein VALME

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